Il y avait des dunes de sable gris à perte de vue, et la vue se perdait vite, car il faisait nuit. C'était la pleine lune. Elles étaient très hautes, ces dunes.
(Ecrit à une heure et demie du matin, je précise. Pff. N'empêche, j'ai envie de le mettre là.)
On réécrit ces maux amers qui vous pourrissent l'âme, ceux qui s'insinuent et qui gangrènent l'esprit, qui s'épanchent en larmes empoisonnés, intérieures, on défait les digues et ces flots limpides et glauques jaillissent en lignes rouges.
On trace en lignes rouges ces chemins perdus, bordés de ronce et semés d'éclats de verre, on s'enfuit hors de ce cloaque qu'on appelle 'Moi', on recherche les paradis oubliés qui s'appellent 'Autre part', 'Nulle part'.
On marche sur ces chemins perdus, on s'écorche les mains on s'écorche les bras on se crève les yeux on s'aveugle, la lumière est si semblable à l'obscurité ici-là qui est à la fois si haut et si bas, on s'égare.
On se perd et on tombe le long de ces sentiers sanglants sous la pluie qui vous crache à la gueule la lune est si coupante et lentement on repart, meurtri, loin des édens illusions illusoires.
On s'endort à nouveau ; on se laisse envahir par ces maux amers qui vous pourrissent l'âme…
Le pire, finalement, dans toutes ces histoires, c'est sans doute que je me sois pris ma lampe de chevet sur la tête, régulièrement, ces temps ci. (C'est mal foutu, je dois dire, le fil passe n'importe comment depuis ma droite jusqu'à la prise au-dessus de ma tête, prise rafistolée par moi et je n'en suis pas peu fière, après tout, c'est peut-être ça le meilleur).
(Il y a beaucoup de "sale petite". C'est peut-être un peu dur. J'étais assez irritée. N'empêche. Je le vaux bien ;) )
Je suis heureuse, parfaitement heureuse. C'est à dire que je n'ai aucune raison de ne pas l'être.
Je n'ai pas de problème de relations dans ma famille -c'est à dire avec ma mère. Je n'ai d'ailleurs pas de problème de relations avec quiconque. Je n'ai pas un grand nombre d'amis, je ne suis pas follement sociable, ce qui me convient tout à fait. Pas de problèmes "amoureux". Pas de problèmes de santé. Même pas de problèmes scolaires.
"Mes pareils à deux fois ne se font point connaître
Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître".
(Rodrigue), Le Cid, Corneille
Je ne prétends pas à tant. Cette histoire m'effraie déjà - essais stupides. Je vais me forcer, n'est-ce-pas, naturellement. Mais ça n'est qu'un essai. Pas un coup de maître.
Ce qui tendrait à prouver que je ne suis pas Rodrigue. (Je me sens déçue, quelque part.)
- Ou comment, avec un bout de citation et quelques phrases mal fichues, tenter de se disculper de tous ses écarts futurs. J'ai déjà honte. -
-et puis je ne suis pas Rodrigue. -
Des cris pour remplir l'abîme et des morceaux de vers et des morceaux de verre.
"Di, quibus imperium est animarum, umbraeque silentes,
et Chaos, et Phlegethon, loca nocte tacentia late,
sit mihi fas audita loqui; sit numine vestro
pandere res alta terra et caligine mersas!"
L'Énéide, Livre VI.
Virgile.
"Dieux, qui avez l'empire sur les âmes, et ombres silencieuses,
Et Chaos, et Phlegethon, lieux muets profondément dans la nuit
Qu'il me soit permis de dire les secrets que j'ai entendus, qu'avec votre accord je puisse
Dévoiler les choses enfouies dans la profonde terre et les ténèbres."